Acronicta en Lorraine : 4 espèces proches (Noctuidae)

Publié le 03/05/2019 Vu 1039 fois

Le genre Acronicta comprend 12 espèces en Lorraine et sur le Grand-Est. Le printemps est propice à les observer. Focus sur 4 espèces proches et faciles à confondre : Acronicta rumicis, A. auricoma, A. menyanthidis et A. euphorbiae.


Les confusions entre ces espèces sont fréquentes. Il existe cependant quelques critères simples, qui permettent assez facilement de s'y retrouver :

Acronicta rumicis (Linnaeus, 1758)
La Cendrée noirâtre, la Noctuelle de la patience
On rencontre cette espèce un peu partout en France. On sépare celle-ci d’A. auricoma et A. menyanthidis assez facilement, grâce à la présence d’une virgule blanche à proximité du tornus. Peu exigeante écologiquement, on la rencontre dans divers milieux, principalement mésophiles, y compris jusqu’en zone urbaine. La chenille polyphage se rencontre facilement sur des plantes basses variées, y compris jusqu'en milieu urbain. L'adulte paraît en 2 générations, voire 3 selon les années et les localités.

Acronicta auricoma (Denis & Schiffermüller, 1775)
La Chevelure dorée
Présente un peu partout en France. Elle est proche d’une part de A. menyanthidis, dont elle se distingue par la taille de l’orbiculaire et la présence d’un point noir dans celle-ci, et d’autre part de A. euphorbiae, surtout dans le sud de la France où les ailes antérieures peuvent être très claires. Il est alors possible de la séparer de cette dernière grâce à la présence d’un segment noir à proximité du tornus. Plutôt forestière, elle occupe les lisières, clairières et forêts mixtes claires. La chenille consomme les feuilles de Populus, Salix, Betula, Rubus… Espèce bivoltine à basse altitude, en une seule génération en altitude.

Acronicta euphorbiae (Denis & Schiffermüller, 1775)
La Noctuelle de l’euphorbe
Cette espèce est essentiellement présente dans le sud de la France, plus sporadique dans le reste du Pays. Elle est absente du massif armoricain et plus généralement, elle semble fuir les massifs cristallins. Comme l'espèce suivante, elle est localisée en Lorraine, présente principalement sur les pelouses du plateau Lorrain. Les dessins bien marqués des ailes antérieures et la blancheur des postérieures des mâles aident à la détermination de cette espèce. A tendance xérophile, on la rencontre dans divers milieux, tels que des pelouses rases et rocailleuses, les forêts claires à chêne vert, les pentes chaudes ensoleillées, mais aussi en moyenne altitude aux abords des ripisylves et dans les prairies mésophiles. La chenille vit principalement aux dépens d’Euphorbia (notamment dans la région méditerranéenne), mais elle consomme également (plus rarement) diverses plantes basses, dont les Rumex. L'adulte paraît en 2 générations.

Acronicta menyanthidis (Esper, 1789)
La Noctuelle du ményanthe
Espèce essentiellement septentrionale et orientale en Europe, qui atteint sa limite occidentale de répartition en France, dans le Massif central. Elle se rencontre également dans les massifs jurassien, vosgien et ardennais (mentions historiques dans les Ardennes). La mention pyrénéenne est erronée. Proche à l'habitus de certains exemplaires contrastés d'A. euphorbiae et auricoma, A. menyanthidis présente une ligne claire qui borde intérieurement la ligne postmédiane noire, mais également un trait noir près du tornus. Elle occupe également des milieux différents : hygrophile et montagnarde, c’est un hôte des milieux froids et humides qui affectionne les zones tourbeuses, les bords des étangs, les forêts claires et les landes à myrtilles. La chenille se développe sur Betula, Salix, Myrica, Vaccinium, Menyanthes trifoliata. L'adulte parait en une seule génération.

Auteur : David DEMERGÈS